COP 21 : découvrez les transformations déjà initiées par les banques françaises
Le 10 septembre dernier, M. François Hollande déclarait: « Quand la Finance commence à intégrer les enjeux climatiques dans ses normes et ses critères, je ne dis pas qu’il y a de l’espoir mais il y a la prise en compte de ce qu’est la réalité ». Cette déclaration illustre bien la prise de conscience qui s’opère actuellement au sein du secteur financier : 2015 aura été particulièrement riche en termes d’engagements. La COP21 aura eu un rôle de catalyseur et permis d’inscrire le sujet de la transition énergétique à l’agenda des différentes directions générales.
Une récente prise de conscience matérialisée par des engagements significatifs
Les grands acteurs du secteur financier semblent enfin avoir pris conscience de la nécessité de façonner une économie moins émettrice de carbone. Auparavant, le risque perçu par ces acteurs était principalement un risque d’image. Aujourd’hui, les banques y voient également un risque financier, un risque métier voire même systémique.
Les actifs carbone pourraient, en effet, être dévalorisés dans la mesure où les énergies fossiles devraient rester inexploitées et enfouies pour maintenir le réchauffement climatique en-deçà de 2 degrés. Des actifs identifiés sous le terme anglo-saxon « stranded assets » désignant les actifs bloqués, ou risquant d’être dévalués du fait d’une évolution règlementaire ou du marché. Selon la récente étude « The Financial Risk From Global Warming » d’Howard Covington, un réchauffement de la température de 4°c d’ici 2100 entrainerait une chute de la valeur des actions entre 5 et 20% d’ici 2030.
Ainsi, on observe un mouvement de désinvestissement vis-à-vis des énergies fossiles. Le Crédit Agricole et la Société Générale ont ainsi annoncé, très récemment, qu’ils s’apprêtent à arrêter de financer les exploitations minières de charbon. Ils sont ainsi les premiers avec Bank Of America à prendre de tels engagements au niveau mondial.
Une nouvelle orientation des financements vers la transition énergétique
Les banques françaises ont toutes définies des politiques sectorielles permettant l’intégration de critères ESG (Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance) dans le processus de sélection des projets financés. En 2014, la BNP a ainsi revu 500 transactions au sein de sa Banque de Financement et d’Investissement sur les secteurs sensibles. Ceci l’a conduit à en décliner 60 du fait du non-respect de ces critères.
Par ailleurs, les banques cherchent à redéfinir le mix énergétique de leurs portefeuilles de projets financés en accordant une part plus importante au financement des énergies renouvelables. Ainsi, BNP Paribas investit davantage dans les énergies propres (éolien, photovoltaïque, etc.) : 135 projets d’énergies renouvelables ont déjà été financés par le groupe à fin septembre 2015.
CACIB (banque d’investissement du Crédit Agricole) en a financé pas moins de 565 dès 2014. À fin 2014, les montants financés pour les énergies fossiles représentaient 59,5% de la production d’électricité au niveau du groupe BNP contre 23% pour les énergies renouvelables.
Les banques cherchent également à financer les projets d’efficacité énergétique et d’infrastructures à travers le financement des Lignes à Grande Vitesse ou autres infrastructures sobres en carbone. Plusieurs groupes se sont également engagés à publier leur empreinte carbone et l’impact écologique induit par leurs financements. BPCE a été le premier à publier ces données en 2001.
D’autres initiatives pour promouvoir une Épargne utile et responsable
La transition énergétique peut également être soutenue par la promotion de nouveaux investissements dits responsables. Ainsi, Amundi est le leader de l’Investissement Socialement Responsable avec 40% des Parts de Marché en France en 2014 (74,6 Mds d’encours). Il propose aux particuliers ou institutionnels des produits d’Épargne finançant la transition énergétique. Le Crédit Agricole a également créé, il y a vingt ans, UNIFERGIE, filiale de CA Leasing & Factoring qui intervient sur les financements environnementaux et accompagne notamment les Caisses Régionales sur ces sujets. De plus, des initiatives locales ont été menées au sein du groupe comme la mise en place, par la Caisse Régionale Pyrénées-Gascogne, du dispositif #OUVAVOTREARGENT permettant aux clients d’orienter l’économie locale.
Une autre initiative intéressante est celle menée par la Société Générale qui, en 2011, a instauré une Taxe Carbone Interne (10€/Tonne CO2 émise) afin d’inciter ses entités à limiter leurs émissions Carbone. Une collecte de fonds est menée auprès des plus gros émetteurs et permet ensuite de financer les projets d’efficacité énergétique. Ce dispositif permettrait de réaliser 13 millions d’euros d’économies chaque année.
La montée en puissance des Green Bonds
Les Green Bonds représentent des outils de financement de la transition énergétique efficaces. Il s’agit d’un Label permettant d’identifier les projets d’investissement dans les énergies propres. Au 1er septembre 2015, la BNP faisait partie du Top 4 des Bookrunners sur l’émission des obligations vertes. Elle a accompagné de grandes entreprises industrielles sur l’émission d’obligations vertes et notamment ENGIE en 2014 pour laquelle 2,5 milliards de dollars d’obligations ont été émises. Un rôle qu’a également joué CACIB, premier acteur mondial en matière de Green Bonds, auprès, entre autres, d’EDF, GDF et de la région Ile-De-France. Cette entité avait, par ailleurs, créé en 2010 une équipe (Sustainable Banking) dédiée aux sujets de la Finance Responsable.
Les banques ont un rôle clé à jouer dans la transition énergétique et disposent de plusieurs outils leur permettant d’agir directement ou d’inciter les entreprises qu’elles financent à réduire leur empreinte carbone. Elles peuvent ainsi orienter les flux financiers vers les acteurs les plus écoresponsables. Toutefois, cela ne pourra se faire sans l’instauration d’un cadre règlementaire et prudentiel favorisant les financements de Long Terme. C’est tout l’enjeu de la COP21 : réussir à impulser un mouvement transnational et à mettre en place un cadre incitatif et contraignant garantissant l’effectivité des actions et des engagements déjà initiés.