Les banques : nouvelles reines de la maturité numérique selon l’eCAC 40 ?
À l’heure de la révolution digitale, il semble primordial d’évaluer la capacité des grandes entreprises à suivre les transformations numériques de l’économie. C’est l’ambition du palmarès eCAC 40, lancé en 2014 par Gilles Babinet, « digital champion » selon la Commission Européenne et fondateur de plusieurs start up dont CaptainDash. L’étude évalue 36 volontaires des 40 grands comptes français et il en ressort que le secteur Banque/Assurance est le grand champion de cette deuxième édition avec une croissance de 16,73% en un an.
Top 10 du palmarès eCAC 40 – 2015
Des critères d’étude pertinents
Afin de veiller à la pertinence de l’étude, Gilles Babinet a mis en place un comité d’experts attentifs à divers critères attestant de la maturité numérique des entreprises. La diversité de profils au sein de ce comité a permis d’élaborer un classement objectif et pertinent, tout comme la pondération des 5 critères principaux que l’on retrouve ci-dessous :
- Force des liens avec l’écosystème numérique : participation à l’émergence de start-up et adoption de processus plus agiles ;
- Part du numérique dans la culture interne : sensibilisation aux nouveautés numériques et numérisation des outils de travail ;
- Influence de la communication en ligne : multiplication de la visibilité numérique et optimisation dans l’analyse des données clients pour une offre plus personnalisée ;
- Maîtrise des technologies : mutualisation/centralisation des services informatiques et cloud computing ;
- Cybersécurité : confidentialité des services de sécurité informatique et discrétion sur les budgets alloués à la cybersécurité.
Il est à noter que le premier cap de la transformation numérique est franchi depuis un certain temps : les activités traditionnelles bancaires ont été numérisées et les processus métier informatisés. Aussi, les actions digitales représentatives d’un tel palmarès doivent être de plus en plus innovantes afin de procéder à une réelle mutation de la culture d’entreprise. Nous pouvons citer par exemple le « reverse mentoring » qui désigne la formation de managers et dirigeants seniors sur des sujets digitaux enseignés par des profils plus juniors.
Une prise de conscience numérique nécessaire pour les banques
Le rythme soutenu imposé par les banques dans le virage de la digitalisation s’explique notamment par la multiplication et la prise d’envergure de concurrents directs. En effet, l’arrivée de nouveaux acteurs tels que les Fintechs, les banques en ligne ou encore des entreprises de la grande distribution (Carrefour, Auchan, Galeries Lafayette…) sur le marché financier inquiètent les banques et les obligent à repenser leur processus. Comme le souligne Yves Tyrode, CDO de la SNCF et membre du comité d’experts, « les banques ne peuvent plus couper [à la transformation numérique] car elles subissent une attaque en règle des GAFA » (GAFA = Google Apple Facebook Amazon).
Cette mutation dans les activités des banques traditionnelles vise également à répondre aux besoins client qui est en nette évolution. Mieux informé sur les offres et produits bancaires et plus exigeant sur la personnalisation, le client attend des banques une valorisation de sa fidélité, de la transparence sur les frais et un conseil plus adapté à sa personne : on parle de « consom’acteur ».
Ce nouveau comportement client n’est pas à négliger : comme le souligne l’enquête Solucom sur la banque en partenariat avec OpinionWay, 1 Français sur 4 a envisagé de quitter sa banque lors des 12 derniers mois.
Vers une meilleure expérience numérique
L’évolution rapide et pertinente des banques dans la transformation numérique est rendue possible par la mise en place de projets colossaux. Citons l’exemple du programme « Digital For All » lancé par la Société Générale qui donne la possibilité à l’ensemble des collaborateurs d’être force de proposition sur les actions phares. Le fil conducteur de ce programme réside dans la simplification de la vie du client, via la création d’applications permettant une meilleure utilisation des données personnelles, mais aussi du salarié, avec par exemple un système d’authentification unique ou un moteur de recherche optimisé. Plus concrètement, plus de 90 000 collaborateurs ont été équipés de tablettes à fin 2015.
On peut également noter l’intérêt fort de BNP Paribas pour les entreprises innovantes via le programme Innov & Connect. Avec un investissement de 10 millions d’euros, ce programme permet de mettre en relation des Entreprises de Taille Intermédiaire (dont la banque détient 80% du marché) avec des start-up afin de servir un double objectif : faciliter l’innovation des ETI et soutenir l’entreprenariat en améliorant la visibilité des start up. Le directeur général, Jean-Laurent Bonnafé, précise que « depuis 2012, nous avons hébergé 215 start-up dans nos start-up houses, dont 108 sur la seule année dernière ».
A l’instar du classement eCAC40 et plus globalement de leur positionnement marqué en matière de digitalisation, les banques semblent bel et bien devenir les reines de la maturité numérique. Cette dominance est liée à l’exigence accrue des clients bancaires et à l’émergence de nouveaux concurrents qui impose aux banques traditionnelles de revoir intégralement leur culture d’entreprise. Le premier cap de la transformation numérique étant franchi, il faut aussi noter que les actions numériques en banque sont de plus en plus innovantes. Avec le développement de 23 applications en deux ans chez Crédit Agricole ou encore la première acquisition d’une Fintech (Fiduceo) par une banque traditionnelle (Société Générale), on peut mettre en doute l’existence de frontières pour l’ère digitale.