Quand les banques adoptent les armes des GAFA : l’exemple de Goldman Sachs
Face à l’expansion des FinTech, ces entreprises utilisant les dernières technologies afin d’apporter une nouvelle approche au système financier global, les banques américaines adoptent désormais une nouvelle stratégie : s’inspirer des géants du web américains, afin de transformer en profondeur leurs institutions.
La révolution financière passe par la transformation digitale
Conséquence principale de l’arrivée des FinTech dans ce secteur, le modèle d’institution financière se voit être transformé en profondeur, amenant les banques à faire face au risque de désintermédiation. Pour y faire face, Goldman Sachs – à la fois une banque et désormais une « entreprise de tech » – s’accapare les armes des géants du web afin de se positionner en tant que leader de la transformation digitale dans le secteur financier, comme le souligne Llyod Blankfein – son PDG – mais aussi Ben Golub – dirigeant de la start-up Docker. L’institution a pour objectif de créer un nouveau réseau à la fois technologique et financier.
Sa stratégie repose notamment sur 2 axes majeurs et corrélés. D’une part, la banque veut capitaliser sur les start-up innovantes qui prennent une part de plus en plus importante du marché, autrefois monopolisé par les banques. D’autre part, plutôt que de distribuer ses solutions financières sur le réseau de distribution bancaire, l’institution veut devenir le réseau lui-même. Elle a su construire son écosystème informatique tel une plateforme captive où se connectent start-up et clients, qu’ils soient des particuliers ou des entreprises.
La banque investit par ailleurs dans la technologie du blockchain – réseau informatique décentralisé permettant de suivre, valider et enregistrer les transactions financières réalisées, et initialement crée pour le bitcoin – n’aspirant pas moins qu’à supprimer tous les intermédiaires (notaires, chambres de compensation…) à ce jour nécessaires pour valider les transactions. Elle n’est pas seule : d’autres grandes institutions financières américaines (J.P Morgan, Morgan Stanley…) investissent dans cette technologie considérée comme potentiellement révolutionnaire.
Pour la banque, sa transformation ne nécessite pas forcément une restructuration en profondeur des systèmes IT. Ce sont avant tout les données du marché qui occupent une place centrale dans la révolution technologique de demain. Or, celles-ci sont déjà présentes et disponibles dans les banques. Reste désormais à savoir comment utiliser intelligemment les armes de leurs homologues du monde du web pour atteindre leurs objectifs : exploiter au mieux les données clients pour apporter à ceux-ci des solutions inédites et innovantes.
Les FinTech, nouvel atout des banques américaines ?
La transformation digitale des banques passe essentiellement par la capacité à allier technologie et expertise financière. Leur stratégie de développement repose sur le fait d’analyser et produire des statistiques en temps réels, des données financières conséquentes dont elles disposent, afin de rendre celles-ci encore et toujours plus «smarts». L’objectif est de proposer à leurs clients les solutions financières les mieux adaptées à leurs besoins et attentes, pour une satisfaction et une relation client optimisées, et davantage de profits.
À ce jeu-là, Goldman Sachs a réussi à faire d’une pierre deux coups : en se transformant progressivement en un réseau de distribution leader et incontournable, et en bénéficiant des solutions que proposent les FinTech, qui sont par ailleurs de plus en plus nombreuses. Les deux partis y trouvent leurs comptes : les start-up peuvent bénéficier des données financières dont dispose la banque, tandis que cette dernière peut profiter des technologies développées par ces sociétés. Cette notion de réseau n’est d’ailleurs pas nouvelle, il s’agit même de la pierre de voûte sur laquelle certains géants américains, tels Facebook, ou encore Uber, ont bâti leur empire.
Concrètement, quels services peuvent proposer ces FinTech ? Citons par exemple Symphony, l’une de ces start-up à haut potentiel dans laquelle Goldman Sachs investit. Celle-ci a de quoi séduire, puisqu’elle propose un service de messagerie instantanée et totalement crypté, et qui dépasse d’ores et déjà son principal concurrent Bloomberg. En élargissant son champ d’action au-delà des seules institutions financières, elle compte bien devenir le référent de communication en entreprise. Les banques américaines investissent aussi dans d’autres types de FinTech : Contexte Relevant, Dataminr, Kensho, et bien d’autres, proposant des services tels que l’analyse des données financières et les paiements.
Preuve de leur impact majeur dans le milieu technologique, les FinTech ne sont pas courtisées uniquement pas les institutions financières. Google, par exemple, est récemment entré dans le capital de Symphony.
Quelle position pour les banques européennes ?
Ces transformations technologiques avantageuses dont tirent parti les banques américaines grâce aux FinTech, leur permettent de prendre de plus en plus de marge – sur le plan digital – face à leurs concurrents internationaux directs, à savoir, les grandes banques européennes et asiatiques. En effet, un nombre conséquent de FinTech étant localisé sur le territoire américain (dont la fameuse Silicon Valley, ainsi qu’à New-York où elles commencent à se démultiplier à un rythme soutenu), les institutions bancaires peuvent bénéficier d’une proximité immédiate, ainsi que d’une législation plus souple (puisque nationale) pour investir dans ces start-up.
Pour autant, les banques européennes continuent de montrer et de marquer leur présence dans cette sphère financière. C’est le cas notamment de la Société Générale, ainsi que de Natixis, qui sont à leur tour rentrées dans le capital de Symphony. Cette participation – certes tardive de quelques mois par rapport aux banques américaines – montre bel et bien que les institutions financières de France et d’Europe ne sont pas prêtes à laisser celles des États-Unis prendre de la distance.
Ayant dans un premier temps pris les devants pour se positionner en tant que leaders dans cette nouvelle ère de transformation digitale, les banques américaines ont bel et bien trouvé, au travers de concepts révolutionnaires des géants du Web, tels l’exploitation plus smart des données , ainsi que de ces pépites d’or que représentent les FinTech, la voie à suivre pour générer encore plus de gains. Les institutions européennes persévèrent et adoptent la même voie, pour tirer profit de ce nouveau business, et pour prouver que les prouesses technologies du Vieux Continent ne sont pas en manque. Après tout, Symphony, cette start-up qui a séduit les plus grandes banques américaines, localisée à la Silicon Valley, est avant tout une société développée par le Français David Gurlé.