Les années 2005 à 2010 ont vu l’émergence d’usines de paiement dans la plupart des grands groupes bancaires, motivées par la volonté de réduire le coût unitaire de traitement des paiements grâce à une massification. Leur construction a été accélérée par la nécessité de s’adapter à de nouvelles réglementations (SEPA, PCI-DSS…) et favorisé par les évolutions technologiques.

Aujourd’hui, elles représentent une manne financière significative mais la croissance à venir risque d’échapper aux banques si elles ne tirent pas parti du contexte actuel.

En effet, trois moteurs de bouleversements sont identifiés : les comportements des clients, en attente de toujours plus de simplicité et de fluidité dans leurs parcours d’achat, les nouvelles technologies qui permettent l’émergence de solutions innovantes, et la réglementation.

Les comportements des clients, en attente de toujours plus de simplicité et de fluidité dans leur parcours d’achat

L’accroissement des volumes de traitement via les paiements électroniques permet aujourd’hui d’analyser la data collectée (attention : cette nouvelle manne nécessite toutefois au préalable des investissements IT pour prévenir les risques de fraude liés à ce nouveau volume de données).

En effet, pour rentabiliser durablement les investissements, les usines de paiement ne doivent pas uniquement poursuivre leur course aux volumes mais doivent également chercher à construire des services de masse « sur mesure », comme le font d’autres secteurs industriels, et à exploiter les données de plus en plus nombreuses qui accompagnent ces paiements.

La maîtrise et l’utilisation des données sont donc des enjeux majeurs aujourd’hui pour les usines de paiement qu’il s’agisse de restituer aux clients une qualité d’information mieux adaptée à leurs besoins, d’analyser leurs comportements ou de réduire les risques. Les technologies telles que les bases de données XML ou le big data ont considérablement évolué en quelques années, rendant aujourd’hui possible ce qui ne l’était sans doute pas aux débuts des usines de paiement.

Face aux nouveaux entrants qui convoitent leurs clients, les banques peuvent voir dans les usines de paiement l’opportunité d’accélérer le dével­oppement de nouveaux services qui répondent à chaque instant aux besoins du client : payer une facture, gérer ses plafonds, régler un achat de façon instantanée, faciliter sa gestion de caisse, optimiser sa trésorerie… Et pour accroître le potentiel d’in­novation, la mise en commun des ressources de veille technologique ainsi que des méthodes cycles courts est clé.

Aujourd’hui, Transactis cherche à se différencier en proposant des services à forte valeur ajoutée. En effet, la filiale commune de la Banque Postale et de la Société Générale s’est équipée d’une solution progicielle lui permettant d’améliorer le temps de mise sur le marché des nouveaux produits cartes et le lancement de nouveaux services, comme la post-personnalisation. Celle-ci consiste, par exemple, à activer et à désactiver la fonction de paiement sans contact sur une carte en circulation.


Les nouvelles technologies et l’arrivée de nouveaux moyens de paiements 2_modes-paiement1

Ces nouveaux comportements clients tendent à faire évoluer les moyens de paiement. Fin Octobre BNP Paribas et le Crédit Mutuel ont annoncé le lancement en 2017 d’une application commune de paiement via smartphone, cette initiative intervient alors qu’aucun standard ne s’est encore imposé en France sur ce marché stratégique.

Cette récente nouvelle présage l’essor en France  de l’utilisation croissante de ces moyens de paiement et la nécessité pour l’ensemble des groupes bancaires de se positionner rapidement. En conséquence, de nouveaux flux de paiement seront à traiter, ils seront associés à  de nouveaux processus dédiés aux wallets. Outre-manche et outre atlantique, ce sont bien les géants du domaine comme Worldpay ou First Data largement qui se sont emparés des flux. Face à l‘accroissement des paiements mobile d’année en année, ils se sont positionnés comme leaders dans ce domaine en facilitant les processus de paiement des wallets les plus utilisés  comme Apple Pay, Android Pay, etc.

Les nouvelles réglementations qui encadrent ces évolutions

 Tirant les enseignements de la directive concernant les services de paiement (DSP 1), la directive du 25 novembre 2015 (DSP 2) qui doit entrer en vigueur en 2018 adapte le cadre réglementaire des services de paiement aux défis posés par l’apparition de services innovants, par la croissance rapide des paiements électroniques et par le rythme soutenu de l’innovation technique. Ainsi, elle donne la possibilité aux usines de paiement d’étendre les processus de paiements à ces nouveaux entrants. Outre les impacts forts en termes de sécurisation des paiements, cette évolution réglementaire doit conduire les établissements financiers à repenser l’offre client. En effet, les acteurs en place devront repenser l’offre existante et proposer des services innovants aux consommateurs pour faciliter l’acte d’achat.

Dernièrement, la Société Générale et la Banque Postale, ont décidé d’élargir les activités de leur filiale commune dans la monétique. Ainsi, alors que les évolutions réglementaires et l’apparition de nouveaux acteurs du paiement bouleversent l’écosystème, Transactis assurera le traitement de l’ensemble des virements et prélèvements européens et internationaux des deux groupes.

 

Les usines de paiement représentent une réelle manne financière. Elles seront pour les banques des fabriques de services pour développer le paiement digital. Toutefois, cette promesse ne prendra véritablement effet que lorsque tous les défis de la mutualisation auront été relevés : performance, ouverture, internationalisation et agilité dans la mise en marché des nouveaux servicesde paiement.