Annoncé mort, le chèque survit mais pour combien de temps ?
Avec une baisse tendancielle de 5 % par an, le chèque a perdu son statut de moyen de paiement principal, mais il reste avant tout un moyen de paiement de secours. D’après une étude du CSA, 73 % des français sont d’ailleurs opposés à sa disparition. Ils sont cependant 77 % à être convaincus qu’il disparaîtra à court ou moyen terme.
Annoncé mort, le chèque résiste !
Plus qu’un simple moyen de paiement, il s’agit plutôt d’une somme d’usages. Il permet de « faire » de la trésorerie, de payer des montants importants, de gérer des paiements au sein d’une association, d’étaler un achat sur plusieurs échéances sans frais, de laisser une garantie, …
Son extinction dépendra de la capacité des Banques à développer des alternatives et à substituer des service à valeur ajoutée à ce « bon vieux chéquier » gratuit ». La créativité des nouveaux entrants dans le secteur des moyens des paiements sera également un élément clé.
La remise de chèques via un smartphone est un exemple de nouveau service en France. Proposé depuis 10 ans aux Etats-Unis, ce service est intégré aux applications de m-banking et répond à une attente de simplification des clients : pas de déplacement à la banque. Il s’inscrit pleinement dans une stratégie d’accompagnement des usages clients vers le numérique et de réduction des coûts de traitement pour la banque.
La résistance a un prix pour les Banques
Cette persistance n’est pas sans conséquence sur la structure des coûts des Banques, et nécessite une certaine capacité d’anticipation. Si la majeure partie des processus de traitement du chèque est industrialisée et mutualisée chez des prestataires spécialisés, des activités résiduelles de back-office demeurent largement internalisées. Pour bon nombre d’établissements, elles posent de réelles difficultés en termes d’expertise et de polyvalence.
La réduction des volumes devrait entraîner une diminution mécanique des ressources consacrées aux traitements chèques. C’est sans compter sur l’inertie de la gestion des ressources humaines et un effet de taille critique sur certaines tâches. Il s’agit d’optimiser les coûts à court terme, et de gérer les problématiques RH liées à des équipes surdimensionnées et fortement spécialisées à moyen terme. La recherche de mutualisation fait partie des axes de travail/progrès.
Dans une banque régionale, en fonction de sa taille et de ses choix d’organisation, 20 à 50 ETP sont consacrés au traitement du chèque dans les agences. Afin de réduire les charges liées à ce moyen de paiement, d’autres questions doivent être abordées. Par exemple, est-il nécessaire de maintenir le même niveau de service et les matériels de « scannérisation » dans tous les points de vente ? Une solution par un maillage du service chèque peut être envisagée.
La décrue rapide du chèque est une opportunité. L’enjeu est bien de transformer des flux de paiements – poste de coût de la Banque – en services rémunérateurs. Cette équation requiert de l’agilité et de se doter d’une réelle stratégie sur les moyens de paiements. Cela peut paraître paradoxal mais c’est le moment pour les Banques d’investir sur le chèque !