LES BANQUES TRADITIONNELLES FACE À L’ÉMERGENCE DES NEO-BANQUES SUR LE MARCHÉ DES PROFESSIONNELS
Déjà ébranlées par l’apparition des banques en lignes il y a quelques années, les banques traditionnelles font maintenant face à de nouveaux concurrents : les néo-banques. Ces dernières sont des banques digitales, accessibles uniquement via mobile. Désormais bien connue sur le marché des particuliers, à l’image du compte Nickel qui compte maintenant plusieurs centaines de milliers de clients, les néo-banques s’attaquent au marché des professionnels. Elles visent à offrir des services bancaires basiques à bas coûts tout en proposant une expérience utilisateur simplifiée, parfois accompagnée de services non-bancaires. Grâce à leurs offres, les néo-banques s’immiscent rapidement sur ce marché bancaire.
Une offre simplifiée mais mieux adaptée aux enjeux des entrepreneurs
L’offre des néo-banques aux professionnels se fonde sur une proposition de valeur alliant simplicité et rapidité : ouverture d’un compte à partir de son téléphone en quelques minutes, la possibilité d’obtenir une carte bancaire professionnelle (physique ou virtuelle) pour un montant allant de zéro à quelques centaines d’euros par an, transaction immédiate, …
Plus largement, l’objectif est de permettre aux professionnels, en particulier les entrepreneurs et les indépendants, de se recentrer sur leur activité grâce à une gestion plus efficiente de l’aspect financier de leur entreprise. Ainsi, des services complémentaires peuvent s’ajouter à l’offre de base : saisie simplifiée des notes de frais, agrégateur de compte, outil de comptabilité,… La néo-banque Shine se distingue notamment à cet égard. Plusieurs outils sont proposés afin de faciliter la vie des entrepreneurs. On peut citer par exemple la présence d’un assistant personnel qui vous enverra des notifications afin de ne pas oublier d’échéances administratives ou encore un outil de facturation intégré qui vous permettra d’envoyer des factures rapidement.
Pour autant, leur proposition se distingue des banques traditionnelles notamment par l’impossibilité de souscrire un prêt, de placer son argent et l’absence de la dimension « conseil » apportée par les conseillers bancaires. À titre d’exemple, Qonto, qui propose pourtant d’effectuer des virements dans différentes devises n’est pas en mesure d’accompagner ses clients dans des investissements productifs grâce à un prêt ou l’encaissement de chèques.
Ainsi, la promesse des néo-banques a en priorité ciblé les professionnels nécessitant le plus de flexibilité : les entrepreneurs et les indépendants. Ces offres simples permettent de profiter de services essentiels mais souvent coûteux au moment de lancer son activité, période à laquelle l’un des plus gros enjeux est justement de gérer efficacement son flux de trésorerie afin d’assurer la pérennité de sa société. Anytime met par exemple en avant leur relation avec la société AMT France. Leur offre a permis à cette PME de donner des cartes bancaires professionnels à tous ses collaborateurs et ainsi pouvoir gérer plus efficacement les notes de frais.
Les néo-banques font pourtant face à plusieurs enjeux dans leur développement. Tout d’abord réussir à convaincre un nombre suffisant de client pour assurer leur service, mais surtout les conserver une fois que l’entreprise cliente a dépassé le stade de la TPE. En effet, si l’offre est principalement dirigée vers les freelances et les petites entreprises, ces dernières ne choisiront elles pas de changer pour une banque traditionnelle une fois sorties de ces catégories, faute d’offres adaptées ? Ceci obligerait les néo-banques, pour conserver un nombre de client suffisant, à investir toujours plus dans la fonction commerciale. De plus, comme toutes les entreprises du secteur financier, les néo-banques sont soumises à un cadre réglementaire assez imposant, notamment en termes de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Dès lors, auront-elle les capacités organisationnelles et financières afin de s’adapter ?
Les banques traditionnelles contre-attaquent
Face à cette nouvelle concurrence, les banques traditionnelles organisent la riposte.
Tout d’abord, elles peuvent capitaliser sur ce que les néo-banques ne proposent pas, notamment l’offre de conseil et la possibilité d’emprunter. En effet, les grands acteurs du système bancaire ont des années d’expérience dans l’accompagnement de sociétés avec une vision solide des enjeux financiers et administratifs qu’elles peuvent rencontrer. C’est le cas de l’offre « Avantoo » du groupe Crédit Mutuel CM11 : elle allie offre forfait mobile et bancaire, comprenant en particulier en carte bleu et une application mais également un conseiller bancaire dédié. Le tout pour 20€/mois!
Les entreprises nouvellement créées peuvent ainsi préférer payer leur offre bancaire un peu plus chère, en échange d’un accompagnement dans leur développement. De même, le développement de son activité passe bien souvent par des investissements substantiels qui ne sont possibles que via un prêt. La possibilité d’accéder à un financement peut également jouer en faveur des grands groupes bancaires.
En plus de certains avantages comparatifs, les grandes banques choisissent également de concurrencer les néo-banques sur leur terrain : elles proposent leur propre offre dédiée au entrepreneurs et indépendants, notamment via des acquisitions stratégiques ou la création d’entité spécifique en leur sein. Ces mouvements se font principalement à l’étranger pour l’instant, mais ne manqueront pas de toucher les banques tricolores rapidement. On peut notamment citer la marque 100% mobile de Caixa Bank, « Imagin Bank » ou le rachat de « Simple » par BBVA.
Vers une diversification des clients pour les néo- banques ?
Les néo-banques se placent donc pour l’instant comme les concurrentes des banques traditionnelles sur une partie de leur client, les entrepreneurs, indépendant ou encore TPE. Pour remettre en cause durablement le marché bancaire professionnel, il s’agirait donc pour les néo-banques de proposer une offre permettant au moyennes et grandes entreprises d’utiliser leurs services pour les opérations courantes – comme les dépenses liées à l’organisation d’un évènement à l’aide d’une carte bancaire de la société par exemple ; alors que le gros des flux financiers (payement des fournisseurs, règlement des clients, etc…) serait toujours géré par un des acteurs traditionnels.