La Fintech s’attaque aux cartes bancaires
Des commissions bancaires en hausse
Ces dernières années le secteur bancaire a souffert d’un contexte de taux historiquement bas obligeant les acteurs du marché à faire évoluer la structure de leur PNB. Les banques françaises ont vu leurs revenus nets liés aux commissions augmenter en 2015 (+5,3% vs 2014). Cette hausse est en partie expliquée par les différents frais de service imputés au client, comprenant notamment les commissions perçues sur les moyens de paiement. À l’heure où la loi Macron va faciliter la mobilité bancaire, une concurrence devrait apparaitre sur les prix des services proposés au client. On constate néanmoins une tendance haussière des cotisations annuelles pour les cartes bancaires, moyen de paiement préféré des français (50% des transactions réalisées en 2014).
Selon le comparatif des tarifs bancaires en France mis en place par Bercy, le prix de base d’une carte bancaire type Mastercard hors offre promotionnelle varie entre 39 et 45€/an pour les principaux acteurs. Le prix à l’achat peut fortement augmenter suivant les différentes options souhaitées (retraits hors zone SEPA, assurances…). A cela s’ajoutent généralement des frais supplémentaires en cas de retraits répétitifs auprès d’un DAB concurrent. Au total, le coût réel d’une carte bancaire s’élevait en moyenne à 61€ par français en 2014. Certaines banques ont d’ailleurs annoncé que le nombre limite de retraits auprès d’établissements concurrents avant d’appliquer ces commissions devrait diminuer, devenant payant dès le 4ème retrait mensuel. Dès lors, les clients vont être amenés à réfléchir aux alternatives permettant de réduire les frais.
Quelle alternative aux banques traditionnelles ?
La DSP a accéléré l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché des solutions de paiement. Si les banques en ligne ont déjà lancé leurs offres de cartes bancaires gratuites et sans frais pour une grande partie d’entre elles, la redéfinition de la directive avec DSP2 a permis aux start-ups de la Fintech de bouleverser le marché. Celles-ci offrent désormais la possibilité d’obtenir une carte bancaire sans avoir à ouvrir un compte traditionnel (et donc sans condition de salaire ou de dépôt minimum contrairement aux banques en ligne) avec une politique tarifaire transparente et avantageuse.
Parmi les différents acteurs présents sur le marché français aujourd’hui, deux néobanques se sont récemment démarquées grâce à leurs tarifs avantageux, leurs fonctionnalités avancées et la possibilité de disposer d’un numéro de compte : la française MORNING (anciennement Payname) et l’allemande N26 (anciennement Number26).
Concernant les fonctionnalités chacune possède une application mobile très développée, avec notamment la possibilité via son smartphone de désactiver/autoriser les paiements à l’étranger, les transactions en ligne, les retraits à un DAB, mais également de choisir ses plafonds ou encore avoir un suivi en direct de ses comptes. Autant d’atouts qui permettent à priori à ses start-ups de rivaliser avec les banques françaises.
Une alternative qui reste cependant risquée
Aujourd’hui, ces moyens de paiement alternatifs restent marginaux sur le marché pour différentes raisons. La première concerne le statut de ses entités, qui sont considérées majoritairement comme des établissements de paiement agréés ACPR. Les établissements de paiement tels que MORNING n’adhèrent pas au FGDR (Fonds de garantie des dépôts et de résolution), couvrant les dépôts à hauteur de 100.000 euros en cas de faillite de l’établissement, étant donné qu’ils n’ont pas d’activité de crédit. La néobanque doit tout de même cantonner les dépôts clients. Cependant, les transactions de cette dernière ont été suspendues en décembre 2016 par l’ACPR après avoir constaté des irrégularités concernant le compte de cantonnement. Les clients se sont vu refuser toute transaction pendant près d’un mois (les interdictions faites à MORNING de fournir des services de paiement et de débiter le compte de cantonnement sont levées depuis le 4 janvier 2017).
Le second risque est lié à la simplicité d’usage de ces applications. N26, qui a obtenu le statut d’établissement de crédit par la BCE en juillet 2016 (et devient donc une « vrai banque), a récemment été la cible de critiques à ce sujet. En septembre 2016, le chercheur Vincent Haupert a détecté plusieurs failles dans le système de sécurité de la banque berlinoise (résolues depuis), permettant notamment d’effectuer des transactions via le compte d’autres utilisateurs. Encore une fois, les dépôts clientèles étaient en danger.
Ces deux exemples peuvent justifier le manque de confiance des utilisateurs envers ces applications. Cette méfiance devrait perdurer le temps que ces nouveaux acteurs trouvent une stabilité et démontrent une sécurité sans faille permettant aux clients potentiels d’avoir une visibilité à long terme.