Lancement d’Apple Pay au Royaume Uni : Barclays tente de résister, en vain
Le paiement mobile a de beaux jours devant lui. Avec 69% de la population mondiale munie d’un smartphone d’ici 2017 (selon le cabinet GFK, 2014), le potentiel de croissance est indéniable. Les grands acteurs du marché ne s’y sont pas trompés : opérateurs de cartes bancaires, banques, opérateurs de téléphonie mobile ou encore fournisseurs de systèmes d’exploitation, tous fondent de grands espoirs sur ce marché en passe de devenir incontournable. Apple y est entré par la grande porte en octobre dernier avec le lancement aux Etats-Unis de sa solution de paiement mobile via NFC : Apple Pay. Au début de l’été, c’est en Grande-Bretagne que la firme à la pomme a déployé sa solution.
Quels en sont les principes ? Quels sont les premiers enseignements de son lancement au Royaume Uni ? Quelles sont les prochaines étapes ?
Comme le soulignait Tim Cook lors de la keynote de présentation d’Apple Pay, le marché du paiement mobile représente une gigantesque manne financière qu’Apple ne pouvait ignorer (Forrester Research prévoit que le marché du paiement mobile atteindra 90 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici 2017). Au-delà de ce constat, le lancement d’Apple pay permet à la firme à la pomme de confirmer son positionnement d’acteur innovant aux yeux des consommateurs et de capter de précieuses données clients : les informations de la carte bancaire sont captées une fois celles-ci ajoutée à Apple pay lors de l’initialisation du service.
Apple pay – Comment ça marche ?
Apple pay s’appuie sur la technologie NFC (Near Field Contact) permettant, au moyen d’un terminal de paiement compatible au service, de réaliser un paiement sans contact. Cette solution est disponible sur iPhone 6 (et ses versions supérieures) et sur l’Apple Watch (appairée à un iPhone à partir de la version 5) pour un paiement en magasin.
Son fonctionnement repose sur 3 éléments :
- Passbook : renommé « Wallet » depuis la sortie de l’iOS9, Passbook est un porte-monnaie électronique permettant de rassembler les cartes de crédit de l’utilisateur. Il est possible d’utiliser la carte bancaire renseignée sur iTunes ou d’ajouter ses cartes de paiement via une simple photo.
- La puce NFC « Secure Element » : elle permet de communiquer sans contact avec les terminaux utilisés en magasin.
- L’authentification via Touch Id : le propriétaire du smartphone est identifié via son empreinte digitale lors du règlement d’une transaction bancaire.
Comme l’annonçait la firme de Cupertino, l’utilisation d’Appel pay est simple. Il suffit au propriétaire de placer son doigt sur le bouton principal pour finaliser une transaction.
Apple pay respecte également la confidentialité de l’utilisateur. Lors d’une transaction, le marchand ne conserve ni le nom de l’utilisateur, ni le produit acheté, ni le montant dépensé. Il en est de même pour Apple qui ne conserve pas l’historique d’achats des utilisateurs.
Enfin le système est sécurisé. Apple Pay fonctionne suivant le principe de la tokenisation. Un numéro unique (DAN – device account number) est chiffré et enregistré sur la puce du téléphone une fois la carte ajoutée à Passbook et vérifiée par la banque du titulaire. Lors d’une transaction, un numéro d’identification unique basé sur le DAN est généré. C’est ce numéro qui sera transmis au marchand et non les coordonnées de la carte bancaire.
Apple pay est arrivé sur le vieux continent
Apple pay continue son expansion. Quelques mois seulement après un départ en grande pompe aux Etats-Unis (1 million de cartes enregistrées dans les 72 heures suivant le lancement et 1 millions de points de vente potentiels), la firme à la pomme s’attaque à l’Europe et plus particulièrement au marché britannique.
Apple ayant conclu des accords avec 8 des 10 banques les plus importantes au Royaume Uni, il sera possible pour les britanniques de payer sans contact dans plus de 250 000 points de vente équipés de la technologie NFC pour un montant maximal fixé pour l’or à 30£.
Cette technologie est également disponible dans les transports londoniens où l’usager peut régler son titre de transport via son iPhone ou son iWatch. À première vue le rouleau compresseur est en marche, mais une banque du « Big four » britannique manque au tableau : Barclays.
Barclays fait de la résistance…
La twittosphère n’a pas tardé à se faire entendre suite à l’annonce de Barclays de ne pas accepter le paiement mobile via Apple pay. Suite aux réactions virulentes rencontrées sur la toile, Barclays a tenu à rassurer ses clients en annonçant qu’Apple pay serait utilisable par les clients Barclays « dans le futur ». Une annonce qui reste évasive et qui trouve une explication simple : Barclays tente de s’imposer comme un acteur à part entière du paiement sans contact avec sa solution propriétaire bPay.
… mais a-t-il les arguments pour lutter contre le géant à la pomme ?
Là où Apple propose de payer via une carte virtuelle enregistrée sur le smartphone, le paiement via bPay se réalise au moyen d’un bracelet électronique, d’un porte-clés ou d’un sticker collé au mobile.
Qu’en est-il de l’expérience utilisateur ? La réalisation d’une transaction apparaît aussi rapide et simple avec l’une ou l’autre des solutions utilisées : le paiement sans contact est réalisé en une poignée de secondes.
Apple pay marque des points sur la multiplication des possibilités offertes aux utilisateurs : plusieurs cartes de paiement peuvent être ajoutées à Passbook (ajoutées aux flyers et coupons réductions déjà stockés jusqu’à présent) et il est possible de réaliser des transactions en magasin ou via une application sur mobile ou tablette. Son système innovant de tokenisation et la confidentialité garantie des échanges lors d’une transaction sont également des arguments de poids sur le plan de la sécurité (à condition qu’Apple solutionne les problèmes récemment rencontrés aux Etats-Unis comme l’a révélé the Guardian après une vaste fraude bancaire en mars dernier).
Le paiement sans contact via bPay n’est possible qu’en magasin et il est nécessaire de recharger un compte prépayé distinct du compte courant. Certains pourront y voir un système permettant plus de contrôle (notamment en cas de perte de l’accessoire de paiement) là où d’autres relèveront un manque de praticité.
Quant aux plafonds de paiement, certaines sources affirment qu’il sera bientôt possible de dépasser la limite actuelle de 30£ avec Apple pay, ce qui offre de nouvelles perspectives.
Devant la puissance du géant américain et les vives réactions de ses clients, nul doute que Barclays devra se résoudre à supporter la solution de paiement mobile de la firme de Cupertino et cela au prix de sa crédibilité auprès de ses clients. Reste à savoir dans quels délais et sous quelle forme.
Apple pay en France, c’est pour bientôt ?
La difficulté pour Apple réside dans la nécessité de trouver des accords avec les banques nationales avant de pouvoir lancer sa solution de paiement mobile dans un nouveau pays.
Ne soyons pas trop pressés. Le marché hexagonal n’est pas encore visé par la firme de Cupertino. A l’heure actuelle, des rumeurs font plutôt état d’un déploiement au Canada d’ici fin 2015 et ceci pour deux raison principales : l’iPhone est très populaire chez nos amis Canadiens et la majorité des marchands sont déjà équipés de terminaux de paiement compatibles avec la technologie NFC.