Le dimanche 4 décembre 2016, les Italiens ont voté contre le projet du chef du gouvernement de centre gauche Matteo Renzi. Le referendum portait sur une réforme constitutionnelle. La démission, qui s’en est suivie, du président du Conseil est le reflet de la succession des gouvernements en Italie : la péninsule a changé de premier ministre cinq fois en cinq ans. Or l’instabilité politique fait souffrir le secteur bancaire italien actuellement en difficulté. Quelles sont les conséquences de l’instabilité des banques italiennes pour l’économie européenne ?

Le secteur bancaire italien dans la tourmente – panorama 

La menace de la faillite des huit banques les plus fragiles pèse sur l’économie italienne : (1) Monte dei Paschi di Siena, (2) Carige, (3) Popolare di Vicenza, (4) Veneto Banca, (5) Banca Etruria, (6) CariChieti, (7) Banca delle Marche et (8) CariFerrara.

La banque siennoise Monte dei Paschi di Siena (1) a frôlé de peu la faillite en 2016. L’état italien a du mettre en œuvre un plan de sauvetage de 8,8 milliards d’euros. Le sauvetage de la Banca Monte dei Paschi coûtera 6,6 milliards d’euros à l’État italien, dont 2 milliards d’euros pour indemniser les petits épargnants. En proie à de lourdes difficultés financières, la plus vieille banque du monde est fragilisée par la détention de créances douteuses. Le gênois banca Carige (2) pourrait aussi profiter de l’intervention de l’état italien.

Les banques vénitiennes non cotées Popoplare di Vicenza (3) et Veneto Banca (4) pourraient quant à elles fusionner suite à la demande du fonds italien de sauvetage des banques, Atlante. L’ancien patron de Monte dei Paschi di Siena, nommé en décembre 2016 à la tête de Popolare di Vicenza, a pour mission d’examiner le projet de fusion avec la banque rivale.

Les quatre banques Banca Etruria, CariChieti, Banca delle Marche et CariFerrara ont été sauvées de la faillite en 2015 par les pouvoirs publics. Banca Marche, Banca Etruria et CariChieti ont été rachetées par UBI Banca, numéro cinq de la banque en Italie.

La banque CariFerrara est de son côté toujours en quête d’acquéreur.

Quelles conséquences possibles pour l’économie européenne ?

Des fragilités à surmonter en Italie et plus largement au sein de la zone euro…

La zone euro est confrontée à de nombreux défis en 2017.  Le spectre de la crise de 2008 hante encore les esprits et la fragilité du secteur bancaire italien est peu rassurante pour les investisseurs. L’intervention de l’état s’est avérée nécessaire pour éviter une crise systémique, mais elle ne suffit pas pas à écarter tout risque futur. La fragilité du secteur bancaire restreint les crédits accordés pénalisant ainsi la croissance de l’économie italienne. Or l’Italie est la troisième économie de l’Union Économique et monétaire. Le taux de chômage par ailleurs relativement élevé pesant sur l’Italie n’est pas facilitateur : il s’élèvait à 11,9% en novembre 2016 selon l’Istat.

Surmonter de manière pérenne, les fragilités actuelles du secteur bancaire italien sera l’un des défi de la zone euro.

L’Italie n’est pas un cas unique, l’équilibre financier d’autres banques européennes demeurant précaire. Le secteur bancaire européen est également fragilisé par les fortes difficultés rencontrées par la Deutsche Bank. L’avenir de l’établissement a fait l’objet de nombreuses spéculations. L’état espagnol est également intervenu pour aider les banques espagnoles touchées par l’explosion de la bulle immobilière à la fin des années 2000. Selon une estimation provisoire publiée par la Cour des comptes en janvier 2017, le sauvetage des banques espagnoles aurait coûté près de 61 milliards d’euros au contribuable espagnol. L’état de l’Irlande est également intervenu pour assister ses banques.

… auxquelles s’ajoutent des incertitudes politiques et économiques 

Le rôle du politique sera également clef dans la confiance des épargnants. L’année 2016 a été marquée par la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union Européenne et par la victoire de Donald Trump aux États-Unis. En 2017 des élections politiques importantes auront lieu aux Pays-Bas (en mars), en France (en avril-mai) et en Allemagne (à l’automne).

D’un point de vue économique, l’inflation devrait augmenter en raison de la hausse des prix du pétrole. Le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé à 1,1% en décembre 2016, contre 0,6% en novembre 2016 selon une estimation rapide publiée début janvier 2017 par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. La hausse des prix semble une bonne chose pour éloigner la menace de la déflation. De plus, la zone euro sera marquée par une remontée des taux en 2017. Pour l’heure, la Banque Centrale Européenne a décidé de continuer sa politique de Quantitative Easing jusqu’à fin 2017.

Enfin, le  sujet de la dette grecque reste d’actualité pour la zone euro. Celle ci reste marquée par une période d’incertitudes à venir en 2017, d’un point de vue politique qu’économique.