L’essor des banques coopératives aux USA, une réponse à la crise des subprimes ?
Les coopératives de crédit, à l’instar des banques locales ou des banques multinationales classiques, ont la particularité de faire du client un membre à part entière de leur entité. Il n’est plus un simple usager, il devient propriétaire. Il participe à la gouvernance selon le principe suivant : un client égal une voix et non plus une action égale une voix. Les bénéfices sont partagés et redistribués sous forme de taux d’intérêts réduits.
Comment ces établissements bancaires connaissent-ils un nouvel essor aux Etats Unis suite à la crise des subprimes ?
Une réponse aux attentes des épargnants
Présentes en Europe depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les banques coopératives ont ensuite pris possession du territoire Américain et ont atteint l’an passé le chiffre record de plus de 100 millions de membres aux États-Unis. Cet essor significatif n’est pas sans lien avec la crise financière de 2008, venue transformer le paysage du système bancaire américain et mondial. Comme le souligne Pascal de Lima – économiste et enseignant à Science Po – alors que la confiance des épargnants et des actionnaires envers les institutions bancaires a nettement diminué, leurs attentes et leurs exigences elles, n’ont cessé de progresser. Après avoir tiré les leçons des dérives ayant mené à la rupture, ils souhaitent aujourd’hui plus de transparence dans la gestion des grands groupes financiers et une relation de proximité avec leur banquier.
Dans ce contexte d’après crise en pleine mutation, les consommateurs apprécient de plus en plus le système proposé par les banques coopératives. Bill HampellHampell – PDG par intérim de la CUNA (The Credit Unions National Association) – les décrit comme « des institutions sans but lucratif et dirigées de façon démocratique ». Ces banques d’un nouveau genre promettent de mieux répartir ‘’les parts du gâteau’’ et de satisfaire d’avantage les clients et propriétaires.
Par ailleurs, la hausse des frais des produits bancaires exercée par les banques traditionnelles a joué un rôle prépondérant dans la croissance des coopératives de crédit. Comme le mentionne Mike Schenk – directeur économique de la CUNA – cette hausse a permis de doubler le nombre de membres sur l’année 2011.
Une alternative idéale pour tous les clients ?
Ces établissements offrent des tarifs plus que compétitifs sur leurs produits et leurs services tels que les cartes bancaires, les prêts aux particuliers, le refinancement des crédits auto ou les prêts étudiants. Cependant, il peut être difficile pour un client de profiter des taux préférentiels s’il n’a pas une côte de crédit (score) élevée (i.e. un pointage FICO inférieur à 700) ou n’a aucun score (cas des nouveaux épargnants). De plus, les banques coopératives ne se différencient pas particulièrement de leur concurrentes en termes de frais de découvert. Pour autant, il n’est pas nécessaire de revenir dans le système bancaire classique si vous êtes dans l’un de ces deux cas. Comme l’explique Nick Clements, de nouvelles entreprises bancaires en ligne se sont positionnées et proposent des solutions alternatives pour accorder des crédits aux particuliers. Ces dernières accordent des prêts non plus uniquement selon la côte de crédit de l’épargnant mais en fonction d’autres critères comme par exemple l’établissement scolaire pour les jeunes diplômés.
Et en France ?
Lorsqu’il s’agit des banques coopératives, la France non plus n’est pas en reste. Sur les sept plus grosses entreprises bancaires Françaises, 4 d’entre elles sont des banques mutualistes : le Crédit Agricole, le Crédit mutuel ou encore le groupe BPCE qui rassemble la Banque populaire et la caisse d’épargne (voir la liste complète). La crise des surprimes semble avoir eu un impact moins significatif sur les établissements Français que sur leurs homologues Outre-Atlantique, les premières ayant notamment acheté moins d’actifs de mauvaises qualités. Cependant en 2013, ces 4 établissements faisaient partie du Top 10 des entreprises françaises en termes d’image, démontrant ainsi un indice de confiance certain au sein de l’hexagone.
Les banques coopératives Américaines et Françaises ont su répondre aux nouvelles attentes des clients et sont devenues des alternatives pertinentes dans un système bancaire encore fragilisé par les conséquences de la crise des subprimes.