Ripple, la blockchain prête à révolutionner la finance
Avec plus de 290 millions de dollars d’investissements au cours des 6 premiers mois de 2016 au sein de 30 startups utilisant cette technologie, la Blockchain est aujourd’hui de plus en plus présente dans le domaine financier. Parmi ces FinTechs, nous pouvons citer Circle, Digital Asset holdings mais aussi Ripple, startup américaine spécialisée dans les transactions interbancaires. L’arrivée de Ripple sur le marché et plus globalement l’utilisation de la blockchain n’ont pas été sans impacts sur les transactions interbancaires et plus particulièrement sur le standard le plus utilisé pour ce type de communication : SWIFT qui diffuse plus de 6 milliards de messages par an. Décryptage.
* pour une description détaillée du fonctionnement de la blockchain : http://bankobserver-wavestone.com/blockchain-futur-tiers-de-confiance/
Ripple et l’utilisation de la Blockchain…
Ripple – « propagation » en anglais – a été créée en 2012 par Chris Larsen et Jed McCaleb à San Francisco. La startup s’adresse aux établissements financiers et se décrit comme permettant d’effectuer des paiements transfrontaliers instantanés, multidevises, au meilleur taux et sans frais ajoutés. Le protocole Ripple, basé sur la technologie Blockchain, est open source et la société mise beaucoup sur la sécurité des paiements notamment en termes de cryptographie. Après avoir annoncé une nouvelle levée de fonds de 55 millions de dollars en septembre 2016, elle totalise 100 millions de dollars d’investissements de la part d’investisseurs tels que Google Ventures ou encore d’établissements financiers tels que Santander, Standard Chartered et Siam Commercial Bank.
La société a très récemment annoncé la création du Global Payments Steering, groupe interbancaire dont le but est de formuler des règles de gouvernance concernant les transferts transfrontaliers utilisant la Blockchain. Le groupe se définit comme « The world’s only blockchain bankers » et pourra compter parmi ses fondateurs, des banques telles que Bank of America, Santander, UniCredit ou encore la Royal Bank of Canada. Preuve inéluctable de l’intérêt des banques pour cette technologie et sa potentielle intégration dans leurs systèmes, 15 des 50 premières banques mondiales font parties du réseau Ripple et certaines telles que UBS ou Unicredit procèdent actuellement à des tests.
… face à SWIFT et son évolution « Global Payments Innovation »
SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) a été créé en 1973 afin de fournir des services de transferts interbancaires à plus de 11 000 établissements financiers dans 200 pays. Il s’agit d’un système de messagerie standardisé et sécurisé permettant aux utilisateurs d’échanger des informations financières.
Afin de répondre aux attentes des utilisateurs concernant la durée d’un transfert bancaire et afin de répondre à des objectifs de sécurité, une évolution de SWIFT nommée SWIFT GPI (Global Payments Innovation) a été lancée en Avril 2016. Plus de 80 banques participent à l’initiative dont les banques françaises BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis. On notera toutefois que cette amélioration est destinée aux transactions B2B.
Parmi les principales améliorations apportées à l’actuel système, nous comptons parmi les « Service Level Agreements » :
– Une meilleure disponibilité des fonds : le jour même de leur réception
– Une meilleure transparence concernant les frais : possibilité de visualiser la totalité des frais en amont
– Une traçabilité des paiements depuis l’émetteur jusqu’au bénéficiaire
– Un transfert de toutes les informations de paiement jusqu’au bénéficiaire
SWIFT a annoncé le 27 septembre dernier lors du salon SIBOS à Genève le succès de sa phase pilote et le lancement début 2017 de cette évolution.
Un seul grand gagnant ?
Malgré les évolutions promises par SWIFT GPI, force est de constater que Ripple garde une longueur d’avance avec :
– des paiements en temps réel (de l’ordre de quelques secondes)
– des coûts très inférieurs, Ripple ne prélevant qu’une faible commission, et donc la possibilité d’effectuer des virements de petites sommes
– une étape de « clearing » (compensation) sans intermédiaires. Les chambres de compensation, assumant le risque de contrepartie en exécutant les paiements, n’étant plus nécessaires grâce à la Blockchain et au principe de consensus.
Plus récemment, la mise en place d’un système de sécurité « multi-signatures » est venue ajouter un avantage supplémentaire à Ripple en imposant la signature de plusieurs parties prenantes pour autoriser une transaction. Un avantage non négligeable connaissant les récents problèmes de sécurité rencontrés par SWIFT lors du médiatique piratage de la banque centrale du Bangladesh et ses 81 millions de dollars subtilisés.
Pour terminer, nous pouvons nous interroger sur le fait que Marcus Treacher – membre du board de SWIFT – ait récemment rejoint Ripple à la tête des comptes stratégiques. Un signe annonciateur du futur ?
Toujours est-il que Ripple n’est pas seule à vouloir concurrencer SWIFT. Différents acteurs tels que VISA, avec VISA B2B Connect, travaillent sur leurs propres plateformes de paiements basées sur la technologie Blockchain (en collaboration avec la startup Chain). Quelle que soit la solution s’imposant à terme, la Blockchain ne restera certainement pas sans impact sur le domaine des transactions interbancaires. Affaire à suivre.