Transformation des banques : obligation ou nécessité ?
Touchés par la crise financière de 2008, les établissements financiers ont fait l’objet de nombreuses mutations ces dernières années. L’enquête « Les français et leur banque » a notamment mis en avant la nécessité d’une transformation rapide et efficace.
La nécessité de transformer les banques à l’ère du digital
La banque évolue et s’engage à se réinventer face à un marché qui se transforme. Ce changement se traduit essentiellement par l’évolution de la relation client ainsi que l’émergence de nouveaux entrants.
Il est nécessaire de réinventer le modèle relationnel autour du désormais « consom’acteur ». En effet, les comportements des clients ont beaucoup évolué ces dernières années. À travers la montée en puissance du canal web (une connexion ‘’anytime, anywhere’’), des foyers français de plus en plus équipés en supports mobiles et une utilisation exponentielle des réseaux sociaux, le digital est aujourd’hui complétement intégré dans le quotidien des français. Ainsi, il impacte directement les attentes et les comportements des clients qui souhaitent retrouver dans leur banque les mêmes atouts que sur les sites e-commerce en terme de délais de réponse, d’accessibilité ou encore de transparence des prix. Le client connecté est à présent en attente de reconnaissance, de conseil instantané et personnalisé.
Les banques sont aujourd’hui contraintes de créer une nouvelle relation client omni canal. Pour y arriver, elles doivent distinguer les différents leviers du digital. Elles ont la possibilité de maîtriser les données client grâce à l’exploitation du BigData, un enjeu clé pour être plus pertinent dans la relation client, de les fidéliser à travers la qualité du service et surtout de maitriser le cross canal.
À cela s’ajoute l’apparition de nouveaux acteurs, favorisés par le fort développement des nouvelles technologies, du numérique et de la réglementation. En effet, l’émergence des Fintech, ces entreprises de technologie financière présentes à la fois dans le B2C et le B2B, a mis en avant le problème majeur des banques. Celles-ci ont manqué de souplesse et de réactivité face à l’innovation. Le point commun à toutes ces entreprises est qu’elles ne cherchent pas à être en relation avec de grandes banques, mais au contraire à les contourner pour intercepter leurs clients en leur proposant de nouveaux modes de relations.
En outre, ces transformations en cours doivent prendre en compte le cadre réglementaire qui va imposer des mesures au marché bancaire français.
L’obligation de maîtriser le paysage réglementaire
Depuis 2008, les banques se doivent de redonner confiance aux épargnants et investisseurs afin de stimuler la croissance. De ce fait, il leur est nécessaire de maîtriser le paysage réglementaire. Face à une économie en panne, les chocs financiers doivent être mieux absorbés par le système bancaire afin d’éviter les répercussions en cascade sur l’économie réelle.
Les changements réglementaires ont pris notamment la forme de 3 accords, Bâle I, Bâle II et Bâle III. Prenons l’exemple des accords de Bâle III, traduisant la volonté de renforcer la régulation du système financier. Ces accords permettent un renforcement quantitatif et qualitatif des fonds propres requis par rapport aux niveaux précédemment exigés par Bâle II. Ce niveau de solvabilité a pour objectif de restaurer une confiance envers les banques, confiance qui a été remise en cause suite à la succession des crises destructrices. Néanmoins, l’application de cet accord a un coût financier important pour les banques. Celles-ci doivent trouver des solutions pour s’adapter aux nouvelles attentes des régulateurs. Les moyens d’actions sont bien identifiés (baisse des encours de crédits, cession d’actifs…) mais ont tous des impacts forts sur les métiers et les acteurs du secteur bancaire.
Par ailleurs, transparence et loyauté sont désormais les piliers du cadre réglementaire de la relation client. Effective depuis le 1er janvier 2016, la loi Eckert relative aux comptes bancaires inactifs et aux contrats d’assurance-vie en déshérence oblige les banques ainsi que les compagnies d’assurance à rechercher des bénéficiaires. La loi oblige les banques à informer les titulaires de l’inactivité du compte et du transfert le cas échéant des avoirs à la Caisse des dépôts. Les assureurs devront envoyer à leurs clients une information annuelle concernant notamment la valeur de leur contrat.
En 2017, MIF2 oblige les établissements financiers à réfléchir sur leur modèle d’entreprise au niveau de la stratégie, de l’offre client, de la tarification, des systèmes, des processus des contrôles, du contrôle des risques. Par exemple, elle impose aux prestataires de services d’investissements de révéler à leurs clients les conditions de sélection des instruments proposés.
Le renforcement des règles est une réalité en Europe, où la réglementation couvre désormais de nombreux domaines pour offrir un cadre cohérent et protecteur aux activités financières. En France, le modèle de banques universelles axé sur la relation client reste aujourd’hui dominant.
Les banques universelles résistent
Une banque universelle regroupe dans une même structure l’ensemble des métiers de la banque. Cette palette va des activités de détail à la banque de financement et d’investissement, en passant par la banque privée, la gestion d’actifs ou les financements spécialisés.
La stabilité financière des banques universelles se traduit à travers deux axes. Le premier concerne les actifs des banques universelles. En effet, en détenant une grande variété de produits (titres de dettes, d’actions et de prêts…), la banque universelle réduit automatiquement sa vulnérabilité. Elles sont moins dépendantes du type d’emprunteur et donc moins sensibles aux chocs subis par certains secteurs. Le second axe concerne les dettes des banques. De la même façon, une banque universelle qui se finance par des moyens variés (dépôts institutionnelles et de particuliers, obligations de premier rang et inférieur…) réduit automatiquement sa dépendance à un groupe de créancier spécifique. Elle devient donc moins vulnérable lorsque l’un d’entre eux décide de retirer ses fonds. Ces deux éléments structurels de la banque universelle lui permettent de résister plus facilement en période de turbulence.
Ce modèle de banque universelle est toutefois en constante évolution. Depuis la crise de 2008, le modèle des banques universelles a évolué, en prenant un chemin différent d’un pays à l’autre. Aux États-Unis, la crise a vu naître de très puissantes banques universelles puisque se sont de grands établissements de détail qui ont sauvé les banques d’investissement à la dérive comme le rachat de Merrill Lynch par Bank of America. Globalement, les pays européens ont pris le chemin inverse. Elles ont fait des choix afin de réduire la taille de leur bilan dans le but d’améliorer leur capacité à assurer le contrôle de leurs risques. En France par exemple, certains groupes ont déjà réduit leur présence à l’international, c’est le cas du Crédit Agricole par exemple.
Entre enjeux et opportunités, le secteur bancaire se doit d’être continuellement en évolution. Quel que soit le secteur d’activité, personne n’échappe à « l’uberisation » de l’économie. Les banques doivent désormais s’armer face à la transformation numérique qui constitue un enjeu majeur de la dynamique économique et de la performance des banques dans les prochaines années.