Cet été, les cartes Gold et Platinium ont été détrônés : les néo-banques N26 et Revolut ont révolutionné l’offre des cartes bancaires en proposant une carte très haut de gamme nommée « Metal ».

Physiquement, ces cartes en mouture noire sont composées uniquement de métal, ce qui entraîne un poids trois fois plus élevés comparativement à leurs homologues en plastique (18 grammes contre 5 grammes). La tarification prouve que ces cartes s’adressent à une clientèle haut de gamme : en effet, la carte de N26 est facturée 16,90€ par mois, contre 13,90€/mois pour Revolut. Outre leur apparence totalement épurée, ces cartes proposent des fonctionnalités nouvelles :

L’introduction du cash-back

D’abord né aux Etats-Unis puis généralisé en Grande Bretagne, le concept de cashback est nouveau en France. À chaque paiement avec sa carte Metal, le client peut récupérer entre 0,1% et 1% du montant de sa transaction dans 29 devises disponibles (dont les crypto monnaies) : cette somme sera versée dans un « coffre » et facilitera l’épargne.

Le cashback est un système intéressant pour toutes les parties. Il permet aux clients de créer une cagnotte réutilisable chez les commerçants. Ces derniers peuvent facilement augmenter leurs ventes et donc leur chiffre d’affaires. Enfin, le cashback permet aux banques de gagner une rémunération (en provenance des commerçants) mais surtout de fidéliser les clients ou d’en attirer de nouveaux en proposant un service nouveau.

D’autres fonctionnalités disruptives

L’offre Metal propose également d’autres fonctionnalités haut de gamme :

  • Un système de conciergerie disponible 24/24h et 7/7j, partout dans le monde. Les clients peuvent réserver des hôtels, vols, places de concert, ou autre très facilement,
  • Une assurance voyage renforcée, avec une prise en charge des retards de vols,
  • Une assurance santé à l’étranger gratuite,
  • Des plafonds de retraits gratuits bien supérieur aux offres précédentes.

Par ailleurs, les clients de ces néo banques continuent de bénéficier de fonctionnalités innovantes déjà proposées par les cartes classiques (standard et premium) : des volumes de change de devises illimités et gratuits, la création de carte bancaire virtuelle éphémère pour sécuriser ses paiements en ligne, l’accès gratuits aux cryptomonnaies (pour les clients premium et métal), des assurances smartphone à prix réduits, absence de frais de retrait en distributeurs, etc…

Course à l’innovation ou retard à combler ?

Les néo banques ne s’arrêtent pas là et continuent à innover en anticipant les futurs besoins de leurs clients : Revolut a indiqué qu’Apple Pay sera bientôt opérationel en France et qu’elle souhaitait devenir le précurseur de Google Pay. De son côté, N26 vient de supprimer les conditions d’usages nécessaire à la gratuité : il n’y a plus de nombre de retraits à respecter pour bénéficier des services gratuits.

Néanmois, malgré ces fonctionnalités innovantes et ces offres alléchantes, les néo banques restent en retrait sur certains points :

  • Instant payment : contrairement aux banques traditionnelles qui développent actuellement cette fonctionnalité, les néo banques demeurent muettes à ce sujet.
  • Un service client saturé: les néo banques ont parfois du mal à gérer leur flux de réclamations et peuvent mettre jusqu’à 120 jours pour fournir une réponse. Cela s’explique à la fois par leur manque d’expérience (comparativement à une banque traditionnelle) et l’accroissement du nombre de clients.
  • Des problèmes techniques : les clients des néo banques relatent souvent le problème de compte momentanément bloqués, la disparition de certains montants, des erreurs de prélèvements, le blocage momentané de certaines transactions, etc. Ceci s’explique généralement par les migrations de données ou/et des logiciels moins performants.

Quel avenir pour la carte bancaire ?

La carte bancaire demeure aujourd’hui le moyen de paiement favori des français et son usage ne cesse d’augmenter. Cela laisse à penser que les néo banques ont eu raison d’innover en proposant la carte Metal. Cependant, est-ce que cette tendance est tenable ?  Est-ce que la carte bancaire « physique » a de l’avenir?

En effet, la carte pourrait être mise de côté suite à la montée de certaines alternatives :

  • Les objets connectés : la puce de la carte bancaire pourra être ajoutée sur certains objets tels qu’une montre connectée ou un porte-clef connecté et permettra à l’utilisateur de payer facilement sans son support de carte bancaire.
  • Les cartes biométriques : le groupement des Cartes Bancaires a annoncé le lancement de l’expérimentation des cartes biométrique en 2019. Ainsi, l’usage de la carte bancaire sera totalement revolutionné puisque les clients pourront régler leurs achats grâce à leur empreinte digitale, en posant leur pouce sur le lecteur d’empreinte de leur carte. Le code PIN des cartes va bientôt devenir obsolète.
  • Les applications de paiments : l’usage des applications de paiements comme Lydia et Pumpkin ne cesse de croître et permet à l’utilisateur de se séparer peu à peu de sa carte bancaire, pour la remplacer par son smartphone.
  • Instant Payment : cette pratique va certainement révolutionner les méthodes de paiement entre consommateur et commercant. Il n’y aura plus besoin de connaître l’IBAN ou le numéro de compte pour effectuer un virement : seul un code QR ou un numéro de téléphone (converti en IBAN par la banque) suffiront pour régler un paiement. La simplicité et la rapidité sauront séduire rapidement les consommateurs et commercants, qui mettront de côté la carte bancaire.

 

Même si tout est réuni pour penser que l’usage de la carte bancaire est amené à diminuer, il est évident que l’essence même de ce moyen de paiement ne peut disparaître. Cependant, le support de la carte bancaire est amené dans les prochaines à se transformer pour s’adapter à ces nouvelles alternatives de paiements (puce à intégrer dans les objets déconnectés, cartes bancaires virtuelles dans les applications de paiements, etc…)