Le secteur de la micro-épargne s’étoffe depuis quelques mois avec de plus en plus de start-up qui visent une clientèle jeune à qui les banques ne s’adressent pas ou peu. Nous connaissons déjà les applications de PFM, agrégateurs et assistants personnels qui permettent un usage et une vision simplifiés de tous les comptes et paiements. Aujourd’hui, des solutions aident l’utilisateur à économiser en douceur et de manière presque transparente pour ses dépenses quotidiennes. Les succès de Yomoni, WeSave ou encore Sqirl illustrent bien l’attractivité du secteur. Bruno s’est également lancé le 5 février dernier, en proposant un assistant virtuel.

Nous avons été interpellés par la solution de Florent Robert, co-fondateur de Bruno, qui a mis au point ce chat-bot directement intégré à Facebook Messenger et capable de définir votre épargne hebdomadaire optimale.

Nous l’avons donc invité à venir nous présenter sa solution dans nos locaux, le 13 mars dernier. Ce bot Messenger fait partie de vos contacts, il peut converser avec vous, suggérer régulièrement des montants à épargner, et même faire le virement en votre nom. Son « Brain », sa brique d’intelligence artificielle, analyse le flux de votre compte bancaire pour proposer des montants en adéquation avec votre train de vie. L’objectif, épargner sans s’en rendre compte ni se ruiner ! Explications.

 

La naissance de Bruno

Trois postulats ont motivé la naissance de Bruno :

  • Les trois cercles présents dans le carnet de contacts d’un individu sont les amis, les collègues (ou connaissances au second degré) et les services. La distinction des services Facebook et Messenger a permis de créer davantage de lien avec ce dernier cercle, notamment grâce aux bots. Aujourd’hui Messenger compte plus de 200.000 bots en activité dédiés à une multitude d’usages (réservations, informations, shopping). Ceux-ci s’intègrent à la liste de contacts au même titre qu’un interlocuteur classique. Florent Robert estime que ces bots, bien que de plus en plus présents, restent encore peu envahissants pour l’utilisateur, qui y trouve une réelle valeur ajoutée pour un service donné. Messenger constitue donc un point d’entrée idéal : pour de très faibles coûts d’acquisition, Bruno peut contacter potentiellement des millions d’utilisateurs.

 

  • La Directive sur les Services de Paiement 2 (DSP2) et l’ouverture à l’information engendrant une énorme disponibilité des données et les possibilités de prédiction qui en découlent

 

  • Les difficultés qu’ont les banques traditionnelles à se mouvoir tant les nouveaux usages digitaux sont variés donnent à Bruno un avantage important. Etant au sein même des contacts de ses clients, il peut répondre aux exigences de haute disponibilité et de réactivité du service, critère de plus en plus souhaité par les consommateurs. De plus, le canal Messenger est très utilisé par les 18-30 ans, qui constituent le cœur-de-cible de la start-up. Bruno se présente alors comme une solution rapide, fluide et peu douloureuse à l’épargne, exercice qui est aujourd’hui souvent repoussé à une échéance ultérieure par le consommateur dépensier ou peu regardant sur ses comptes.

Logo Bruno

Bruno a ouvert au public son guichet virtuel le 5 février 2018. A la fin de ce même mois, ses utilisateurs avaient déjà épargné plus de cent mille euros. C’est notamment grâce au cœur de Bruno, son « Brain », qui héberge l’intelligence artificielle dont il est doté, que tout cela a été rendu possible. Le « Brain » analyse les transactions bancaires du compte client ainsi que l’ensemble des données qui en découlent, elles constituent les « inputs » de la solution (pay-in, pay-out, date, fréquence…). Grâce à celles-ci, l’IA est en mesure de calculer une capacité à épargner sur la période en cours. L’intelligence s’améliore en continu : elle apprend avec les évènements du compte client et s’adapte à ceux-ci (impôts, échéances de crédit,…). Bruno notifie alors à l’utilisateur que cette somme sera épargnée s’il ne reçoit aucune contre-indication dans les trois jours.

 

Un futur prometteur

Le bot Bruno se veut comme le futur agent personnel, agrégateur, par lequel les projets d’épargne et d’investissements transiteront. Dans cette optique la start-up n’exclue pas de développer sa solution sur d’autres canaux de discussion, afin d’élargir sa cible et multiplier les points de contact avec le client. Aujourd’hui cette épargne est placée sur un compte non rémunéré. L’équipe travaille sur différents services in-house d’épargne tels que des Livrets, des produits bancaires, des robo-advisors ou bien encore des solutions de crowdfunding pour lesquels les fonds économisés pourraient être dédiés. Bruno pourrait aussi nouer des partenariats avec d’autres fintechs pour proposer ces services.

L’agent virtuel tendre comme un « teddybear » qui épargne de l’argent tout en vous envoyant des GIF d’encouragement  reste pour autant sérieux quand il s’agit de la protection et de la transparence des données (DSP2 et MiFiD2 notamment). La solution GoCardless fait office de fournisseur de service de prélèvement SEPA quand Mangopay agit comme le spécialiste des paiements pour compte de tiers et assure les comptes de cantonnement. Bruno assure que Facebook n’a pas de vision sur les données bancaires et de transactions puisque seul le bot est intégré à Messenger, dissocié du Brain qui dispose de l’intelligence et des données. Les éléments de conversation envoyés sont sous forme de texte brut ou de Webview pour les données plus personnelles.

Bruno sait déjà parler plusieurs langues et vise à s’exporter, pour l’heure, principalement en Europe où le socle réglementaire commun apparaît comme un avantage à l’expansion. L’adhésion se fait en ligne en quelques minutes et le service est d’ailleurs déjà compatible avec plus de 200 banques. Dès l’inscription faite, Bruno commence à discuter avec vous pour définir un rythme d’épargne optimal. Si des questions hors de son périmètre lui sont posées, un « Human Mode » est disponible : un opérateur physique reprend temporairement la main sur la discussion.