Les Fintech sont souvent présentées comme une menace pour les institutions financières et notamment les banques. Pourtant depuis peu on assiste à l’émergence d’un phénomène de collaboration entre ces différentes parties.

S’oriente-t-on vers la fin de la guerre annoncée entre banques et Fintech ?

Pourquoi collaborer?

Depuis une vingtaine d’années, avec le développement d’internet et des nouvelles technologies, les modes de consommation ont été totalement transformés. Si cette révolution numérique a touché tous les secteurs du commerce, certains secteurs, jusqu’ici épargnés par un environnement réglementaire spécifique, ont  tout récemment été impactés. Tel est le cas du secteur financier, de la banque-assurance et de la gestion. La Banque est donc aujourd’hui rattrapée par l’histoire.

La crise de 2007 a sonné comme un révélateur. En brisant la confiance des citoyens dans le système financier, la crise a révélé un énorme fossé entre les attentes des consommateurs et l’industrie financière. Les clients ont exprimé leur volonté de plus de transparence et d’une meilleure expérience client dans leurs différentes relations avec leurs banques et ce quel que soit le canal de contact (en agence, à distance, sur internet, etc.).

Aujourd’hui, le business model de l’industrie financière est attaqué par les Fintech, des start-ups de technologie financière qui proposent leurs services sur le marché des particuliers et des professionnels. Ces start-ups ne cherchent pas, à priori, à être en relation avec de grandes banques. Au contraire, elles chercheraient même plutôt à les contourner pour capter leurs clients en leur proposant de nouveaux modes de relations. Elles ne proposent généralement pas l’ensemble de la gamme de services traditionnels de ces établissements, mais seulement l’un d’entre eux, dans lequel elles apportent une évolution technique et une réponse nouvelle aux attentes des consommateurs.

Les banques et les assurances sont elles-mêmes en pleine transformation numérique. Le phénomène récent de rapprochement avec les Fintech leur permet d’innover,  d’être plus réactives, d’améliorer leur qualité de service, et in fine de faire évoluer leurs plateformes pour mettre l’expérience client au cœur des stratégies.

Comment mettre en œuvre cette collaboration ?

La collaboration est parfois tendue entre les jeunes acteurs innovants et les banques puisque ces dernières perçoivent désormais les nouveaux venus comme des opportunités. Voici, ci-dessous, quelques exemples de collaborations déjà menées entre banques et Fintech :

  • Veilles, partenariats et associations

Pour se tenir au plus près des innovations et des dernières avancées dans le secteur, la plupart des banques commencent à mettre en place des dispositifs de veille de l’écosystème. La Société Générale a noué un partenariat avec Player, le nouvel incubateur parisien d’innovation collective. Elle est également membre du pôle de compétitivité Finance Innovation et organise des Hackathons avec l’école 42 depuis mai 2014.

  • Prestation de services

Le Crédit Mutuel Arkéa propose des prestations de services en marque blanche, Leetchi passe ainsi par son système. En effet, les Fintech ont besoin de « core banking system », le logiciel utilisé pour prendre en charge les transactions les plus courantes d’un établissement bancaire. Les bénéfices sont multiples pour la banque qui reçoivent clé en main des solutions leur permettant de faire évoluer leurs prestations.

  • Investissements et rachats

Crédit Mutuel Arkéa a investi dans Linxo, application de gestion des finances personnelles. Ce lien stratégique a directement permis à la banque de se moderniser : l’application Fortuneo Budget s’appuie en effet sur la technologie de Linxo. Cet agrégateur de comptes repéré par Arkéa a plus récemment accueilli Crédit Agricole à son capital. Par ailleurs, Boursorama a racheté Fiduceo pour améliorer l’expérience client et propose aujourd’hui : agrégation de comptes bancaires externes, coffre-fort numérique et catégorisation automatique des dépenses.

  • Intrapreneuriat et événements internes

Dénicher les talents en interne pour innover au sein de la banque : c’est le but poursuivi lors de diverses initiatives destinées à développer la culture du numérique et de l’intrapreneuriat. A la Société Générale, par exemple, des événements mélangent start-ups externes et collaborateurs, pour les initier au secteur fintech : les Startups Days, durant lesquels des start-ups pitchent sur un thème donné, les meetup « fintech ». Un « think tank digital » a aussi été monté en interne pour discuter des nouvelles tendances du secteur. De même, le Crédit Agricole a initié le « Village by CA » qui illustre bien l’idée de rassembler des start-ups pour promouvoir l’innovation.

 Les licornes françaises, quels enjeux pour les Banques ?

  •  Accélérer l’utilisation du digital

A l’image de Boursorama qui bénéficie des technologies de pointe développées par Fiduceo, spécialiste français des solutions de gestion de finances personnelles en ligne (PFM ou Personal Finance Management). Cette opération permet à Boursorama d’accélérer son développement et de construire la relation bancaire du futur, à la fois digitale et personnalisée.

  • Sécuriser et gagner en compétitivité

La Barclays et la start-up Wave se sont appuyées sur la technologie blockchain pour réaliser une transaction de financement commercial. Résultat, des gains en matière de rapidité d’exécution et de coûts, comparé à la méthode traditionnelle, axée sur le tout papier.

  •  Expérimenter

Récemment, la Loi Macron a encouragé les expérimentations sur la Blockchain. Ce nouvel entrant pourrait remplacer tous les intermédiaires, effrayant ainsi les Banques. Aujourd’hui ces dernières commencent à s’approprier cette technologie en exploitant son potentiel via les Fintech. Ainsi, BNP Paribas Securities Services s’est associé à SmartAngels pour permettre aux sociétés non cotées d’émettre des titres et d’enregistrer leurs registres sur une technologie Blockchain.

Ainsi, les Fintech ne se présentent comme un ennemi qu’à court terme. La collaboration entre les différents acteurs est indispensable pour construire des barrières à l’entrée contre les GAFA , les Google, Apple, Facebook, Amazon afin de construire un écosystème rentable pour contrer la concurrence frontale que préparent ces titans de la Tech.