Encore méconnu du grand public il y a quelques années, le cashless semble aujourd’hui révolutionner le secteur de l’évènementiel et du loisir.  Quelle est donc l’origine de ce succès ? Jean-Alexandre JANORAY, co-fondateur et Directeur Général de Yuflow répond à nos questions.

Pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours ?

Avant la création de Yuflow, j’ai travaillé pendant quatre ans en tant que consultant dans un cabinet de stratégie spécialisé dans les services financiers. J’ai par la suite fondé Yuflow avec Martin Rigot-Muller, un ami de lycée.

Notre idée de base était simplement de dématérialiser les paiements dans les soirées. Il se trouve qu’ayant nous-même organisé des soirées, nous nous sommes aperçus que le paiement par cash n’était pas toujours sécurisé et n’apportait pas une expérience utilisateur très optimale.

Neuf mois après la naissance de cette idée,  nous avons lancé notre premier produit : le ticket d’entrée qui permet de payer ses consommations. Nous avons fait une première expérience dans un gala étudiant qui comptait 1000 personnes.

Fin 2014, nous avons  réalisé une première levée de fonds de 400.000 euros. Suite à cela, nous avons décidé de renforcer nos équipes en recrutant davantage de développeurs et de commerciaux.

Ce qui est intéressant c’est qu’au moment de la création de Yuflow, le cashless était une technologie encore très peu voire pas du tout connue dans le secteur de l’événementiel. Depuis 2016, toute l’industrie des loisirs et du tourisme s’y intéresse et rares sont les  grands évènements et sites de loisirs (parcs d’attraction, enceintes sportives, campings…) qui ne s’en sont pas équipés ou sont en passe de le faire.

Aujourd’hui, nous fournissons à nos clients des solutions qui non seulement améliorent l’expérience utilisateur (temps d’attente, confort d’utilisation, etc…) mais en plus s’intègrent à leurs outils (CRM, contrôle d’accès, caisses enregistreuses…) et collectent les données de paiements associées aux consommateurs.

Outre les secteurs de l’événementiel et du loisir, est-ce que vous envisagez d’étendre vos activités à d’autres secteurs ?

Pour des raisons réglementaires, nous opérons aujourd’hui dans ce que l’on appelle des « Closed Loop Systems ». En d’autres termes, ce sont des environnements fermés, délimités dans le temps et dans l’espace.

En revanche, depuis l’année dernière, nous avons développé des produits qui nous permettent d’élargir notre périmètre et d’opérer dans des environnements plus larges.

Concrètement, cette offre consiste à proposer des solutions de paiement cashless sur un site réunissant plusieurs commerçants. Par exemple, en équipant différents points de vente d’une station de ski,   le consommateur a la possibilité de payer à son hôtel, au restaurant, au magasin de location de skis, etc. et ce toujours via son support de paiement cashless (bracelet, carte RFID, smartphone …).

Quels sont les éléments différenciants de votre offre comparée à celle d’autres acteurs tel qu’ApplePay ou GoogleWallet ?

Au-delà de la dématérialisation de l’acte de paiement, qui en effet est un service proposé par d’autres acteurs, notre objectif est d’équiper nos clients en répondant aux besoins des différents profils d’utilisateurs. Nous leur proposons en effet des suites logicielles dédiées à leur métier d’organisateur d’événement ou de gestionnaire de site de loisir avec des fonctionnalités « métier » répondant à leurs besoins et aux parcours utilisateurs des différents profils de visiteurs.

En effet, dans un même évènement, les commerçants sont souvent confrontés à différentes populations ayant chacune ses préférences en termes de paiement. Or lorsque nous équipons un site de loisir ou un événement, la logique est souvent full cashless, c’est-à-dire que 100% des paiements passent par Yuflow. Grâce aux solutions proposées par Yuflow, l’utilisateur peut recharger son support de paiement (bracelet ou carte) sur place en utilisant du cash, le faire en ligne en utilisant sa carte de crédit ou encore, pré-charger son billet d’entrée et utiliser son smartphone pour payer.

Avez-vous été confronté à une certaine réticence de la part de vos clients ?

Au commencement de ce projet, une de nos plus grandes craintes était que la culture du black, à priori très commune dans le milieu de l’évènementiel, constitue un frein à notre développement. Une crainte finalement vite balayée, car les organisateurs ont très bien accueilli le projet et se sont largement intéressés à nos solutions.

Par ailleurs, convaincre les gestionnaires d’évènements d’adopter nos solutions a certainement été pour nous le plus gros challenge. Le Food & Beverage représentant 30% de leurs bénéfices, la gestion des paiements associés constitue clairement un enjeu majeur.

Nous avons été par ailleurs agréablement surpris par l’accueil du grand public de ces solutions de paiements. En effet, il y a eu beaucoup moins de réticence que prévu et les utilisateurs se sont appropriés les différents supports de paiement avec beaucoup de facilité.

Est-ce que vous envisagez des partenariats avec d’autres Fintech ou encore avec des acteurs bancaires traditionnels ?

Aujourd’hui, nous travaillons déjà avec d’autres startups, notamment avec Pumpkin pour rembourser aux utilisateurs l’argent non dépensé après un évènement. Nous avons également un partenariat avec Lemonway qui nous permet d’encaisser les différents paiements de manière règlementée et sécurisée.

Par ailleurs, nous n’avons pour l’instant pas de partenariats avec des acteurs bancaires mais sommes tout à fait ouverts à l’idée d’une collaboration.  Je pense par exemple au Crédit Mutuel qui sponsorise beaucoup de festivals et cible une clientèle particulièrement jeune.