Le développement durable (ou Responsabilité Sociétale d’Entreprise) connaît de plus en plus de succès auprès des acteurs bancaires. Cet attrait se justifie à la fois par des aspects obligatoires, inhérents aux évolutions réglementaires, mais également par la prise d’initiatives responsables. Parmi ces volontés on note un goût porté vers l’objet qui relie directement le client à sa banque : le moyen de paiement. En effet, il s’agit du seul élément bancaire « palpable » lié au secteur « industriel ». Dans la famille des moyens de paiement responsables on notera des innovations comme le chéquier en papier recyclé ou encore la carte bancaire en bioplastique et recyclée, initiative lancée en 2013 par le Crédit Agricole. En tenant compte de la baisse pérenne de l’utilisation du chéquier et de la petite taille de la carte bancaire, quel sont les véritables objectifs des établissements bancaires à s’investir dans la distribution de moyens de paiement à caractère développement durable ?

Le chéquier en papier dit responsable : une réponse réglementaire avant tout

De plus en plus de chéquiers bancaires produits en France sont aujourd’hui à base de papier dit « responsable ». C’est-à-dire que le papier utilisé est soit certifié « issu de forêts gérées durablement » soit « contenant du papier recyclé ». Et les deux certifications combinées sont également possible (organismes de certification les plus courants : PEFC, FSC). Or, on note que la production d’un chéquier dit responsable coûte en moyenne 10% plus cher (notamment lorsque celui-ci est composé de papierGreen_innovation recyclé).

Avec une baisse de 5% en volume de 2013 à 2014, l’émission de chèques connaît une baisse régulière depuis plus de 10 ans. Cependant, des études démontrent que malgré l’abandon de ce moyen de paiement par un grand nombre de pays limitrophes, les français ne souhaiteraient pas qu’on le leur retire. C’est ici le premier argument des établissements bancaires à investir dans une telle démarche. Le chéquier n’est pas mort en France.

D’autre part, une éco-contribution a fait son apparition, sollicitant les entreprises à contribuer au recyclage du papier réalisé par les collectivités locales chaque année. Ce calcul est effectué par rapport au tonnage et la responsabilité du papier. Si celui-ci est « responsable », les entreprises verront leur contribution baisser, à l’inverse celle-ci sera majorée si le papier utilisé ne possède aucune certification. Des mesures ont donc été prises de la part des établissements bancaires sur la fabrication de leurs chéquiers.

La carte bancaire responsable : une innovation made in France

Le précurseur de la tendance est le Crédit Agricole, en proposant en 2013 la « Carte Environnement ». Un projet ambitieux combinant l’écoconception et le recyclage de la carte bancaire. Le Crédit Agricole a choisi de produire ses cartes bancaires non plus en plastique, matériau issu de la pétrochimie, mais en PLA. L’acide polylactique est un éco-matériau produit à base d’amidon de maïs. On retrouve facilement le PLA dans la production de bouteilles, de gobelets ou encore dans le secteur de l’agrochimie.

Le recyclage des cartes se fait lui grâce à un partenariat noué avec Umicore, société leader du recyclage en Belgique. Seuls les métaux sont recyclés dans le process. En effet, on trouve beaucoup de métaux précieux dans la puce de la carte bancaire (or, palladium). Ce projet soutenu, par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), a connu un grand succès auprès des clients des Caisses Régionales et a suscité l’intérêt des autres établissements bancaire qui envisagent pour certains d’initier une démarche similaire. L’objectif de l’opération est à la fois de sensibiliser les clients à l’écoconception mais également de les pousser à faire un acte citoyen en venant déposer leur ancienne carte bancaire en agence pour la recycler.

Même si ces initiatives n’ont potentiellement qu’un impact faible sur l’environnement, il s’agit ici pour les établissements financiers de prouver leurs engagements forts en matière de RSE sur les objets du quotidien de leurs clients, au-delà des politiques sectorielles appliquées aux transactions sur les marchés financiers.