Des banques traditionnelles bouleversées par l’émergence des néo-banques et les évolutions législatives

Après les banques en ligne, c’est au tour des néo-banques de bouleverser les codes du secteur bancaire. Ces banques digitales développées par des acteurs non bancaires et accessibles uniquement via mobile révolutionnent les usages de la banque en proposant des solutions alliant simplicité et rapidité. Elles répondent ainsi aux nouvelles attentes des consommateurs et plus particulièrement à celles des « digital natives » ultra connectés à la recherche d’expériences innovantes et personnalisées au meilleur prix.

Il est maintenant possible d’ouvrir un compte gratuitement, en quelques minutes seulement, de façon 100% mobile, en se rendant chez son buraliste ou dans une boutique Orange. A cela s’ajoute une panoplie de services innovants : conseiller bancaire virtuel disponible 24/7, paiement instantané, cashback, personnalisation du pin, opérations gratuites à l’international… Auparavant concentrées sur une cible jeune à la recherche de solutions simples et économiques, ces néo-banques s’attaquent maintenant aux clientèles plus haut de gamme. N26 et Revolut ont ainsi lancé cette année leurs offres ‘Metal’ : la carte bancaire premium 100% métallique est assortie de services haut de gamme tels que la conciergerie ou une assistance renforcée. Côté tarification, elles sont affichées aux prix de 16€90 et 13€90 soit bien en-deçà des tarifs pratiqués pour la carte Visa Infinite (27,5€ euros / mois chez Société Générale).

Les évolutions législatives ont également fragilisé la position des banques en ligne : changer de banque n’a jamais été aussi simple puisque la loi Macron entrée en vigueur en 2017 permet aux clients de déléguer les démarches administratives au nouvel établissement.

Quelles sont les stratégies de riposte adoptées par les banques traditionnelles ?

Face à ce bouleversement, les banques traditionnelles n’ont d’autre choix que de réagir pour limiter leur taux d’attrition et continuer à attirer de nouveaux clients. Différentes stratégies peuvent être adoptées.

Pour commencer, elles peuvent capitaliser sur ce qui les différencie des néo-banques : leur offre de conseil et leurs gammes de produits plus étoffées. C’est par exemple le cas de Société Générale qui a lancé l’offre personnalisable « SOBRIO » le 23 avril 2018 en remplacement de Jazz. A partir de 6,20€/mois, le client dispose des services essentiels mais également d’un conseiller dédié et de la possibilité d’ajouter / supprimer des options selon ses besoins.

Les acteurs traditionnels peuvent également élargir leur périmètre d’intervention pour apporter plus de valeur à leurs clients. Cela peut notamment se faire à travers l’acquisition de Fintechs. La BNP a par exemple racheté Compte-Nickel qui permet d’ouvrir gratuitement et sans condition un compte chez son buraliste en 5 minutes. Crédit Agricole et Crédit Mutuel Arkéa sont quant à eux entrés au capital de Linxo, une application spécialisée dans l’agrégation de comptes bancaires. Au-delà de l’acquisition de FinTech, les banques traditionnelles travaillent sur le développement de nouveaux services à valeur ajoutée. Ainsi, BPCE est devenu en juillet 2018 le premier groupe à proposer le paiement instantané à ses clients. Société Générale travaille quant à elle sur le lancement d’une carte biométrique équipée d’un capteur d’empreinte digitale pour permettre à ses clients d’utiliser leur empreinte plutôt que de taper leur code secret pour les paiements au-delà de 30 euros.

Enfin, certains acteurs choisissent de concurrencer ces néo-banques directement sur leur terrain en créant de nouvelles offres à destination des millenials. C’est le cas du Crédit Agricole et de la Caisse d’Epargne qui ont respectivement lancé les offres EKO en septembre 2017 et ENJOY en septembre 2018. Elles contiennent les services essentiels (compte, carte, application) au prix plancher de 2 euros par mois et offrent la possibilité d’une souscription 100% en ligne. La Banque Postale va même plus loin en annonçant la sortie en 2019 de MA FRENCH BANK, une banque 100% digitale ciblant principalement les 18-35 ans. Elle devrait proposer une ouverture de compte sans conditions, en ligne ou en bureau de poste.

Apporter de la valeur au client : l’enjeu de demain

Si les banques sont d’ores et déjà en train de riposter, elles devront poursuivre leurs efforts pour rester dans la course. Elles pourront notamment s’inspirer d’initiatives déjà mises en place à l’international.

Du côté de la Russie, la banque traditionnelle Sberbank mise sur l’intelligence artificielle, le machine-learning et le big data pour enrichir sa relation client et leur apporter de la valeur. Elle a en effet lancé en 2017 un assistant virtuel qui leur fournit des conseils et des recommandations personnalisées. L’algorithme utilisé permet de prévoir les différents événements survenant dans leur vie (vacances, les échéances de paiement…) et d’ainsi adapter les recommandations selon leur mode de vie. L’assistant est également construit pour prendre en comptes les différentes remarques des clients pour s’améliorer et répondre le plus justement à leurs attentes.

Atom Bank, une néo-banque britannique fondée en 2014 et accessible uniquement via mobile s’est quant à elle positionnée sur le segment des digital natives avec des offres dédiées aux consommateurs âgés de 18 à 34 ans. Proposant d’ores et déjà des comptes d’épargne fixes, des prêts immobiliers et même des prêts aux PME, elle souhaite enrichir son offre pour consolider sa position d’alternative aux banques traditionnelles.  Pour se différencier de la concurrence, elle propose à ses clients des fonctionnalités innovantes telles que l’authentification biométrique et l’hyperpersonnalisation de ses services. Ses clients peuvent ainsi s’identifier à l’aide de la reconnaissance faciale ou vocale et modifier le logo, les couleurs ou encore le nom de leur banque.

Comment les banques traditionnelles françaises choisiront elles de poursuivre leurs efforts ? Affaire à suivre !